Home sweet home (2eme partie)
La gastronomie marocaine et moi
A l’entrée du restaurant, un homme nous accueille et nous indique une table. Une fois assis on lui demanda d’abord s’il avait des sandwichs histoire de manger vite fait et de reprendre la route. La réponse était négative ; mais il nous informa qu’il y avait du Tajine au menu. On avait pas vraiment le choix et en plus on avait faim : on commande alors deux plats de tajine. Mais voilà, il y avait un problème… je n’en avais encore jamais mangé.
Je sais que ce que je vais dire va heurter la sensibilité de certains et scandaliser certains d’entre vous, mais je vais quand même me lancer : pour moi, la gastronomie marocaine se résumait uniquement au m’semeun. Oui… je sais, vous pouvez me jeter la première pierre ! La gastronomie marocaine est non seulement très riche, mais très réputée aussi. Et pourtant, comme la ville de Casa, je ne la connais presque pas, pour ne pas dire pas du tout. Mais j’ai une très bonne excuse ; comme on vivait entre compatriotes et que l’on cuisinait nous même nos repas, on ne mangeait que sénégalais. Oui je sais c’est un peu léger comme excuse mais quand on a grandi en se gavant de Tiébou dieune, Yassa, Mafé et autres Soupou kandia, je vous assure que ce n’est pas évident de passer à une cuisine totalement différente. Et comme je ne suis pas quelqu’un de très curieux (je dis ça quand ça m’arrange bien sur), je ne connais pas la gastronomie marocaine ou plutôt, je n’ai pas vraiment cherché à la découvrir. En effet à plusieurs reprises j’ai eu l’occasion de goûter à la Harira ; mais la texture de cette soupe ne me disait rien qui vaille. Avant même d’y avoir goûter, je me suis dit que ça ne pouvais pas être délicieux. J’ai donc passé la main. Mais il y a une chose que j’aimais bien, c’était le m’seumeun (ou mloui).
Pour vous dire la vérité, j’en raffole. Pourtant il n y a rien d’extraordinaire dans cette crêpe feuilletée, mais qu’est-ce que c’est délicieux !!! Pris avec du fromage ou mieux encore, avec un peu de miel, et tout ceci accompagné d’une tasse de thé… Quand je parle de thé, je ne parle pas de la version sénégalaise, c’est-à-dire très fort et amer par-dessus tout. Non là, je parle d’une délicate infusion avec de la menthe. Je disais donc que pris avec du thé, c’est un véritable délice. J’adorais tellement en manger que mes potes m’ont donné le sobriquet de meuss (dimunitif de m’seumeun). Je suis du genre plutôt casanier mais je peux vous assurer que lorsqu’il s’agissait d’aller acheter du m’seumeun chez la vendeuse du coin, j’étais toujours partant. J’étais même prêt à faire des centaines de mètres de plus lorsque j’ai découvert un vendeur qui cuisinait des m’seumeuns encore plus délicieux ;-).
J’étais donc sur le point de franchir une étape ; découvrir autre chose que le meloui. J’allais manger du tajine ; mais en fait je ne savais même pas ce que c’était ni si j’allais aimer. Je me suis dit dans un coin de ma tête : comme il y a de la viande c’est déjà bien ; si le reste n’est pas à mon goût, je m’en contenterais. On a attendu quelques minutes le temps que notre commande soit prête. Mor, mon compagnon d’infortune, en a profité pour faire ses prières et moi j’étais là, assis tranquillement à attendre cette fameuse tajine, une bouteille de boisson à la main. Une dizaine de minutes plus tard, un serveur s’approche de notre table avec notre commande. La nourriture était servie sur des plats en terre cuite posés sur des sortes de nappes en paille. En voulant rapprocher le plat de tajine plus près de ma position, je me suis brûlé à la main. Je n’avais pas remarqué que le serveur avait utilisé des torchons pour amener les plats jusqu’à nous ; et comme on était sur des table en caoutchouc, j’ai tout de suite compris que ces nattes en paille ne servaient pas que de décoration. J’avais déjà enregistré une information capitale : il fallait que je fasse gaffe si je voulais éviter de me brûler la langue.
C’était l’heure de la dégustation. Dans mon plat, il y avait trois gros morceaux de viande à faire saliver tout bon Sérère, une sauce que j’ai jugée, à première vue, un peu liquide, et beaucoup de légume. D’une main hésitante j’attaque en premier les morceaux de viande ; rien de spécial : ce n’était que de la viande de mouton. La deuxième tentative, je pris un peu de la sauce. Je venais de découvrir une nouvelle saveur et c’était loin d’être désagréable. Les bouchées s’enchaînaient, et la main qui était au début hésitante le devint de moins en moins. Le rythme s’accéléra et après quelques secondes de dégustation, je me suis rendu compte que c’était bon… c’était tout simplement délicieux. C’était la première fois que je mangeais un tajine et je ne savais pas quand est-ce que j’aurais, à nouveau, l’occasion de reproduire l’expérience. J’ai pris alors mon temps pour savourer comme il se doit cette découverte gastronomique. Après avoir fini mon repas, je me suis alors rendu compte de cette gravissime erreur que j’avais commise. Et il a fallu que je m’en rende compte au moment où je m’apprêtais à quitter le royaume Chérifien. Mais comment ai-je pu passer à coté d’un plat aussi délicieux pendant tout ce temps?
Commentaires