A quoi joue-t-il?
Que celui qui connait un pays où le Vice Président est élu au suffrage universel, en même temps que le Président de la République lève la main? Si vous vous demandez ce que je raconte, je vous répondrai tout simplement que c’est la nouvelle trouvaille de notre cher Président de la République. Et oui, Abdoulaye Wade, « him self » a encore eu une fausse bonne idée lors du dernier conseil des ministres. Alors que les élections présidentielles approchent à grande vitesse, que le quotidien de Sénégalais va de mal en pis, Wade et ses wadaillons -comme le nomme un journaliste de la place- n’a rien trouvé de mieux que de créer une nouvelle polémique. Et cette dernière a vraiment du mal à passer auprès de l’opposition et de la société civile.
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Mardi 21 juin 2011, il est 15h passées, alors que j’écoutais l’émission de rap Real One sur la RFM, la radio suspend subitement ses programmes pour prendre en direct un journaliste qui se trouvait près de l’assemblée nationale. Un événement peu commode venait de se produire : un député, en l’occurrence Cheikh Bamba Dièye, actuel Maire de la ville de Saint-Louis venait de s’enchaîner aux grilles de l’Assemblée nationale. Un geste symbolique qui va sans doute faire le tour du monde et qui vise à dénoncer les procédés peu démocratiques entrepris par le Président et ses acolytes. En effet, depuis bientôt une semaine, cette polémique est devenue le sujet de discutions préférés dans les débats au niveau des médias. Et pour cause, Wade a frappé fort en mettant sur la table un projet de loi qui lui assurerait presque sa réélection en 2012 et ceci dès le premier tour. Je ne tiens pas à rentrer dans des détails trop techniques où je me perdrais surement car incompréhensibles pour le commun des mortels. Fort heureusement, les constitutionnalistes ont réussi à décortiquer le dit projet depuis son annonce et aujourd’hui, les Sénégalais sont au courant que Wade s’est arrangé de telle sorte qu’avec 25% des voix, il serait réélu pour un troisième mandat consécutif. Ce double ticket Président-Vice président n’est en fait qu’un subterfuge qui vise à détourner le débat et à leurrer les populations. Dès le début de la polémique, Wade avait tenu à atténuer le jeu en affirmant que le Sénégal n’est pas une sous démocratie. Etant donné que les textes lui permettent « de nommer aujourd’hui un Vice-président et de le virer le lendemain », pourquoi ne pas rendre les choses plus démocratiques en laissant le peuple choisir. Enoncée de la sorte, l’idée semble plutôt séductrice à première vue, mais à y voir de plus près quel serait l’utilité de voter pour un Vice-président quand on sait que dans nos pays africains, le pouvoir est concentré exclusivement entre les mains du Pr de la République. Etant donné qu’il joue les démocrates, pourquoi ne pas opter pour un régime parlementaire ? si tant est que nos députés servent à quelque chose. Pourquoi vouloir supprimer le second tour via des projets de loi douteux, pour que le sénégalais lambda ne s’en rende pas compte ? Pourquoi vouloir se représenter alors que son second mandat devait être le dernier ? Voilà autant de questions qui font penser que le Président Wade joue a un jeu dangereux pour le Sénégal.
A qui la faute ?
La réponse est toute simple ; l’opposition. En boycottant les élections législatives de 2007, les leaders de l’opposition étaient loin d’imaginer qu’ils donnaient au Pr Wade toutes les cartes qui lui permettront de briguer un troisième mandat. En gros, ils ont offert gracieusement, à leur pire ennemi, le bâton pour se faire taper. Avec une majorité très confortable, tout ce que Wade souhaite, « dieu le veut ». Grâce à nos soi-disant députés, qui sont plus des larbins qu’autres choses, toutes les décisions prises par le Président passent comme lettre à la poste à l’assemblée. Aujourd’hui l’opposition se retrouve dos au mur. Devant le fait accompli, elle tente par tous les moyens de faire face à ce qu’ils appellent un coup d’état. D’ailleurs certains comme Abdoulaye Wilane du PS ou encore Macky Sall ont publiquement invité les forces armées à intervenir pour rétablir l’ordre. Pas sûr qu’un tel procédé soit la meilleure alternative pour ramener Wade dans le droit chemin et calmer la tension déjà très électrique entre les différents protagonistes. Vu comment c’est parti, le pire est à venir.
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