Un plat en signe de fraternité

25 avril 2011

Un plat en signe de fraternité

Depuis vendredi, qui marque la fin du jeun chez les Chrétiens, on ne parle que de lui ! Présent sur tous les supports médiatiques, internet, télé et radio (j’ai même entendu une animatrice de la RFM donner la recette lors d’une de ses émissions), ce plat a presque fait de l’ombre à l’actualité politique pourtant très agitée cette semaine. Chez nous, lorsqu’on dit fêtes de Pâques, les gens pensent immédiatement au Ngalakh.

Au Sénégal, on attribut à chaque grande fête religieuse un plat spécial. Si on a du poulet pour la Korité (aïd el Fitr), du mouton pour la Tabaski (aïd el Kebir), et du Tiéré (couscous traditionnel) pour la Tamkharit (Achoura), c’est le Ngalakh qui est à l’honneur pour les fêtes de Pâques. Ce plat, à base de mil, de pâte d’arachide, et de « bouye » (fruit du baobab) est très apprécié des Sénégalais. Toute fois sa préparation n’est pas facile car il faut trouver le bon dosage pour éviter que le ngalakh soit trop gras (à cause de la pâte d’arachide) ou encore trop amère (par manque de sucre). Voici un lien où vous trouverez la recette.

Plus qu’un simple dessert, le ngalakh a revêtu au fil des années une signification très symbolique. En effet, à chaque fêtes de Pacques (dès le vendredi Saint), les familles chrétiennes préparent du Ngalax en très grande quantité pour ensuite l’offrir aux différentes connaissances (amis proches ou voisins de quartier). Ainsi, ce sont des milliers de familles musulmanes qui sont conviées à savourer un plat délicieux. Et dans un pays où la majorité de la population est musulmane, ce cadeau offert est estimé à sa juste valeur. Cette pratique, qui est presque devenue une tradition, a permis de raffermir les liens d’amitié et de fraternité qu’entretiennent depuis très longtemps les deux communautés. D’ailleurs par réciprocité, des familles chrétiennes reçoivent aussi de la viande le jour de la Tabaski. En se montrant respectueux, en acceptant l’autre avec ses différences, et en se conviant mutuellement à partager les repas de fêtes, les Sénégalais sont passés depuis longtemps à l’étape pratique du dialogue islamo-chrétien.

Pâques est une fête que les Sénégalais célèbrent ensemble. Même si certains se limitent seulement au coté culinaire (les musulmans), le fait de les convier à partager la nourriture est le signe qu’il existe une bonne ambiance entre les différentes communautés. Parfois, des choses qui paraissent anodines peuvent s’avérer très efficace pour rassembler des personnes dont les convictions religieuses diffèrent.

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