Je déteste les médocs

13 juin 2014

Je déteste les médocs

 

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Tout a commencé avec une crise de palu, la pire que j’ai eu. C’était pendant les vacances scolaires, je devais avoir 12-13 ans. Cela faisait déjà plusieurs jours que j’étais alité et que j’avais des difficultés pour m’alimenter correctement. La nourriture était devenue fade, sans saveur. J’avais la langue amère, les plats que l’on me préparait n’avait aucun gout à mes yeux. La seule chose que je parvenais à sentir c’était le goût de ma boisson préférée, le Fanta. Du coup j’en avais souvent une bouteille à la main que je sirotais,  lentement, très très lentement. Vu mon état, on proposa de prendre un traitement choc, un médicament réputé très efficace contre les maux de tête. Le problème c’est qu’il était composé de trois comprimés aussi gros que les pouces de ma main. Je savais que je ne réussirai jamais à faire passer un truc pareil dans ma gorge. Alors j’ai hésité, longtemps, je tenais toujours ces comprimés dans ma main, dans l’autre, un verre rempli de Fanta. Ça a duré des minutes et ça aurait pu durer des heures si on ne m’avait pas forcé la main. Je réussis à boire le premier non sans difficulté. J’avais dans ma bouche le goût désagréable du médicament, j’avais le sentiment qu’il était coincé dans ma gorge, mon ventre était en ébullition comme s’il était prêt à rendre tout ce qu’il renfermait et il me restait encore dans la main, deux autres comprimés à boire. J’ai encore attendu, on m’a à nouveau forcé la main et là ce fût la catastrophe. J’ai tout rendu, le premier comprimé, la boisson et le peu d’aliment que j’avais réussi à avaler. C’était pas beau à voir. On me ramena alors au dispensaire.

L’infirmier qui était chargé de me faire une injection avait toutes les difficultés du monde pour trouver une veine. Pourtant, il avait serré très  fort mon avant bras, regardait de gauche à droite, de bas en haut, tapait parfois dessus pour provoquer je ne sais quelle réaction ; mais rien n’y faisait, il ne voyait rien du tout. Il était là devant moi, avec sa seringue, hésitant, tâtonnant. Il se décida enfin, enfonça l’aiguille dans ma peau, puis la retira. Ça ne devait pas être le bon endroit. Il recommença encore et encore et encore, s’arrêta, me fixa d’un air étonné. J’étais là, le bras tendu, le visage stoïque, comme un présent absent. Je ne ressentais rien, rien de tout ce qui venait de se passer. Je n’avais pas mal. Alors il me posa cette question: « Boy da nga toul? » ( le « Toul » est un gris-gris qui procure une protection contre les armes blanches et en général les armes créées par l’homme). Aujourd’hui quand j’y pense, je ne peux m’empêcher de rigoler, mais à cette époque j’en avais ni l’envie ni la force. Je lui fis alors un signe négatif de  la tête. Après quelques autres tentatives ratée, il a finalement réussi à trouver ce qu’il cherchait. Moi par contre je n’étais pas encore sorti du calvaire.
Après avait reçu l’injection, j’ai voulu me lever; ce fut le noir total. On aurait dit que quelqu’un avait mis mon cerveau en position off. J’étais dans les vapes. Je ne voyais plus rien, j’entendais juste des voix à peine audibles. J’avais l’impression d’être transporté par des vagues. Je me suis réveillé quelques minutes plu tard, allongé sur un lit. Sur ma gauche un ventilateur m’envoyait un vent frais très agréable. Je suis resté couché pendant un moment histoire d’éviter toute rechute puis j’ai enfin pu quitter le dispensaire.

Depuis, j’ai une sainte horreur des médicaments; des comprimés pour être plus précis.  Pour vous faire une idée quand je tombe malade je préfère qu’on me pique les fesses, que je marche comme un canard pendant plusieurs jours plutôt que d’avaler ces trucs au goût affreux. Dieu merci, ces dernières années, je n’ai pas eu à beaucoup en boire. J’ai réussi à lui échapper pendant trois longues années. Haaa le paludisme, cette maladie qu’on négligé  si souvent et qui pourtant, fait plus de victimes que le SIDA. Elle adorait me tenir entre ses bras, me malmener pendant au moins une semaine puis elle me relâchait encore plus faible qu’un gars qui a jeûné plusieurs jours non-stop.
Le palu pour moi c’est comme cette ex petite amie envahissante dont on arrive jamais à se débarrasser. Tu penses l’avoir perdu de vue, tu commences à reprendre gout à la vie et boom la voilà qui réapparaît comme par enchantement ou plutôt mauvais tour, te ramène dix pas en arrière et te refait vivre des moments que tu aurais souhaité oublier. Cette ex, j’ai pourtant réussi à la semer pendant trois longues années. Comment j’ai fait? Et bien je suis parti au Maroc puis je suis revenu. Oui c’est aussi simple que  ça. En fait au Maroc, il y a des moustiques, mais bizarrement il n’y a pas de paludisme. Allez y comprendre quelque chose. Mais depuis que je suis rentré, j’ai peur d’une chose, retomber malade. Je sais que ça va arriver tôt ou tard et que ça risque être violent alors je croise les doigts et j’essaie de ne pas trop y penser.
Ces derniers jours je ne me sens pas bien. J’ai ressenti
dans mon corps tous les symptômes du palu, courbatures, fièvre, maux de têtes et bizarrement, maux de ventres et diarrhée étaient de la partie aussi. Je suis allé faire un test au dispensaire du coin et à ma grande surprise, c’était négatif. Je n’avais pas de palu mais autre chose. On m’a prescrit des médocs contre les maux de ventre et la diarrhée . J’aurai bien pris à la place une piqûre mais bon je n’avais pas le choix. En tout cas quelque soit le truc que j’ai chopé, j’ai morflé. J’ai perdu beaucoup de poids à tel point que mon père m’a une fois dit pour plaisanter:  » va mettre un truc sur toi, tu ressemble à un biafrais ». Depuis je suis rentré à Kaolack pour reprendre des forces et récupérer parce que à Koutango quand t’es pas à 100% de tes moyens, tu deviens un boulet pour les autres. Le coté positif dans tout ça c’est que je me suis remis à écrire. Ça fait un bon bout de temps que je n’ai rien publié sur mon blog, manque d’inspi, manque de temps. Il a fallu que mon ex ou quelque chose qui lui ressemble pointe le bout de son nez pour que je me relance à nouveau.

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Commentaires

nathyk
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courage mon ami ! tu vas t'en remettre. Et achète-toi une moustiquaire. Bienvenue parmi nous :)

Ameth DIA
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Merci beaucoup. Pour info je ne dors jamais sans moustiquaire. Le problème me hélas c'est que les moustiques n'attendent pas que t'ai les au lit pour te piquer ;-)