Ameth DIA

Changement d’ambiance

Le vendredi est un jour spécial pour les musulmans. Mais au Sénégal, au delà de la prière de l’après midi, c’est par le mode vestimentaire que ce jour se distingue des autres.

En effet, le vendredi est le jour par excellence où sortent de leur placard les tenues traditionnelles. Dans une société où la majeure partie de la jeunesse est sous influence occidentale, rare sont les personnes qui s’habillent  en tenues traditionnelles. Prenons comme exemple le cas des écoles ou des universités ; ceux qui s’habillent différemment de la masse sont vite repérables et on leur colle facilement l’étiquette d’«ibadou » (terme renvoyant dans le langage local aux islamistes [qui s’habillent généralement à l’oriental] ou à une jeune femme voilée). Aussi le vendredi est le jour où tout le monde ou presque opte pour les grands boubous et autres pagnes. Même moi qui suis tout le temps en mode rappeur avec teeshirt, pantalon jungle et casquette sur la tête (pour ne pas dire à l’envers) je sacrifie à cette tradition inculquée depuis notre tendre enfance.

C’est surtout à travers la gent féminine que l’on se rend compte que ce jour est vraiment différent des autres. Car il faut le dire, ces demoiselles nous ont donné une mauvaise habitude en nous soumettant, tous les autres jours de la semaine, aux jeans serrés, tailles basses, décolletés trop provocateurs ou autres jupes courtes au plus grand plaisir de mes congénères qui ne se font pas prier pour se rincer l’œil.  Mais en ce jour bénit, elles font du « sélale » (rendre saint ou pieux) comme on a l’habitude de dire entre jeunes. Aussi font-elles resplendir l’élégance sénégalaise pour ne pas dire africaine avec leur pagne et autres mouchoirs de tête. Un style original et coloré, libéré de toute influence étrangère, qui magnifie la beauté noire. Malheureusement le spectacle ne dure qu’un jour car le lendemain c’est samedi, jour spécial pour les fêtards, et tout revient à la « normale ». Un changement d’ambiance qui se produit une fois par semaine et avec lequel on a eu l’habitude de vivre sans presque nous en rendre compte.

Je me demande si cette pratique a lieu dans la sous région ? Quoi qu’il en soit, même si la jeunesse sénégalaise est friande de nouveauté, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle reste attachée à sa culture vestimentaire; et ce ne fusse que le temps d’une journée.


Un an déjà !!

C’est fou comme les années passent vite ! Cela fait déjà une année et pourtant on a l’impression que çà s’est passé il y a quelques jours seulement. Aujourd’hui le monde entier se rappelle du triste anniversaire du séisme d’Haïti. Un tremblement de terre d’une violence inouïe qui a ravagé un pays entier et meurtri tout un peuple et sa diaspora. Comme c’est le jour de commémoration, le Sénégal à l’instar de la communauté internationale compatit à la douleur de ses frères haïtiens. Aussi, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, accueillant en son sein 25 des 162 étudiants haïtiens présents sur le sol sénégalais, a tenu à faire une petite cérémonie de recueillement, ce matin à 10H.

C’est depuis hier que l’ensemble de la communauté estudiantine a été averti par SMS de la tenu de cette commémoration. Aussi certains étudiants ont tenu à faire le déplacement pour venir témoigner leur compassion et leur solidarité à leurs frères haïtiens mais aussi, avoir une pensée pieuse pour  Fatou Fall, une ancienne étudiante de l’UGB, morte sous les décombres du tremblement de terre. C’est en la présence du Recteur, de l’administration de l’université et des étudiants haïtiens, tous vêtus de noir, que les Sanarois (l’université se trouve à Sanar) ont assisté à la levée de drapeaux (du Sénégal et d’Haïti). Ce fût un moment d’émotions intenses, un moment solennel marqué par une minute de silence suivie de plusieurs discours dont celui d’un pasteur, d’un imam et d’un aumônier. La cérémonie prit fin après le discours du Recteur dont un extrait sera publié tout comme ceux des hommes religieux.

Après cette cérémonie, un sentiment de fierté m’a envahi. Fier d’avoir participé à cette commémoration, d’avoir partagé la peine de nos frères haïtiens et surtout, fier d’être Sénégalais. Ce n’est pas par chauvinisme que je dis cela ; mais parce qu’aujourd’hui, j’ai saisi toute la portée du geste que notre pays a fait à l’encontre de ces étudiants haïtiens. Au début je trouvais que c’était normal que l’on s’entraide ; maintenant j’ai une toute autre idée : il est nécessaire que l’on s’entraide. L’adage dit que la main qui donne est toujours au dessus de celle qui prend. Certes c’est une vérité incontestable ; mais lorsque la main qui donne est à peu près au même niveau de celle qui prend, le complexe d’infériorité devient quasi-invisible. Tout çà pour dire que la solution à nos problèmes passe par la solidarité entre pays africains car personne n’est à l’abri d’une calamité.

Extrait Discours du Recteur


Yékini, roi incontestable de l’arène sénégalaise

Le roi de l’arène a encore fait parlé sa puissance sur Bombardier. le B52 de Mbour n’a pas su résister à la maîtrise  technique de Yékini qui la terrassé de fort belle manière. Le premier combat de l’année s’est tenu hier soir et a comblé l’attente des amateurs de luttes. Comme à son habitude, Yékini continue sa fulgurante ascension; et après avoir battu tous les lutteurs de sa génération(aillant même accordé plusieurs revanches à certains d’entre eux comme Tyson, Bombardier ou encore Balla Bèye 2), il arbore un nouveau tournant: accorder une chance à la jeune meute de lutteurs  qui veut aussi atteindre les sommets. Des noms commencent déjà à circuler comme ceux de Balla Guèye qui va affronter l’ex roi des arènes, Tyson le 3 avril 2011, de Modou Lô et de Lac de Guer 2 entre autres.

Victoire sur Tyson

Quoi qu’il en soit, ces jeunes prétendants au titre doivent travailler dur pour atteindre le niveau de Yékini qui est resté invaincu durant toute sa carrière (20 combats pour 19 victoires et 1 match nul). Admiré non seulement pour ses qualités de lutteur mais encore plus pour sa simplicité et son humilité, Yékini n’a plus rien à prouver dans l’arène sinon confirmer le statu d’empereur qui  vient de lui être attribué par l’ensemble de la presse sportive.


Fin d’année salée pour les Sénégalais

Alors que l’année tire à sa fin, et que ce le moment pour les uns et les autres de présenter leurs vœux pour celle à venir, les Sénégalais sont obliger d’oublier l’euphorie des fêtes et de redescendre sur terre pour faire face à la dure réalité.

A l’origine de cette nouvelle désillusion, la hausse récente des prix du carburant qui a tout de suite eu un effet défavorable sur la bourse des goorgoorlous (nom que l’on donne aux citoyens lambdas ; a pour sens premier : brave ou bravoure). Aussi le prix de la bouteille de gaz est passé de 3700 fcfa à 4200 fcfa, soit une augmentation de 500 fcfa. Hausse qui est tombée d’un seul coup, et que l’Etat tente d’expliquer maladroitement en avançant l’argument d’une hausse au niveau international. Habitués des faits, les ménagères pourront se rabattre sur le charbon de bois si toute fois le prix de ce dernier n’augmente pas comme ce fut le cas il y a environ deux mois lorsqu’il y avait une pénurie de gaz.

Autre aspect qui vient ternir cette fin d’année, les coupures de courant. Et oui ! la Sénélec est encore passée par là. Coupérec (couper toujours) comme l’appelle a poussé les habitants de la banlieue dakaroise à manifester leur colère dans les rues. Il y a quelques jours, un des mondoblogueurs sénégalais BA, dans son article: Sénégal: entre hors tension et surtension, avait parlé des délestages qui pouvaient durer plusieurs heures. Face à ce ras-le-bol, les populations n’ont plus qu’une solution pour montrer leur mécontentement : la violence. Pneus brulés, gaz lacrymogènes, jet de pierres contre les forces de l’ordre, voilà les images qui circulaient sur les chaînes privées lors du journal télévisé.

En cette fin d’année, période où l’on présente ses vœux, nombreux sont les Sénégalais qui souhaitent que la vie quotidienne s’améliore et qu’ils en finissent une bonne fois pour toute avec les coupures de courant.


La Tamkharit, une façon bien sénégalaise de fêter l’Achoura

Il est connu que les Sénégalais sont majoritairement des musulmans (plus de 90% de la population). Aussi, comme tous leurs frères du monde, ils célèbrent les différentes fêtes religieuses telles la  Tabaski (Aïd al Kabir), la Korité (Aïd al Fitr) et l’Achoura. Mais cette dernière qui est le thème de cet article est célébrée différemment chez nous.

Pour commencer l’Achoura est un jour où le jeun est préconisé. Bien que ce jeun soit facultatif, bon nombre de musulman sacrifie à cette tradition car elle comporte beaucoup de bienfaits pour le croyant (pour plus d’information cliquez ici) . Au Sénégal, cette tradition est aussi observée mais ce qui fait le plus de la Tamkharit, particulièrement chez les adolescents et les enfants c’est le « Tajaboon » (épeler tadiabone).

exemples des tambours fabriqués par les enfants

Le Tajaboon est une sorte de carnaval où les enfants se déguisent selon le personnage de leur choix (en vieillard, marabout, ou le plus fréquent, en personnage du sexe opposé). Munis de bol, de seaux  en plastique ou encore de petits tambours bref tout ce qui peut faire du bruit, ils font le tour des concessions pour réclamer leur dû (du riz, du mil ou pour les plus nantis de l’argent). C’est en chants et danses qu’ils entrent dans les maisons et après avoir gratifié les habitants de leur spectacle et formulé des prières à l’encontre de la maîtresse de maison pour sa gentillesse, ils continuent leur chemin vers une autre maison.De nos jours la frénésie que suscitait la Tamkharit a fortement diminué. Comme on dit les temps changent et les mentalités avec. Même si elle est toujours fêtée, la ferveur qu’il y avait à notre époque était totalement différente de maintenant. Pendant notre enfance, déjà à deux semaines de la Tamkharit, faire la sieste de l’après midi était quasiment mission impossible car dans chaque quartier, les enfants se préparaient et exerçaient déjà leur talent de percussionniste. Les plus astucieux d’entre nous créaient de petits tambours à l’aide de la peau du mouton de Tabaski qu’ils ont préparée en conséquence et une grosse boite de conserve qui va servir de support. Nous autres qui n’étions pas très débrouillards, nous nous limitions à étendre sur la boîte un sachet en plastique qui allait vite se trouer au bout de quelques essais. La vie du quartier était animée par le rythme pas très harmonieux des apprentis percussionnistes.

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La vidéo ci dessus représente la manière dont se fait le tajaboone

L’autre aspect marquant de la Tamkharit (et je me demande s’il existe dans la sous région), c’est le repas du soir. Je peux presque affirmer que toutes les maisons, sans aucune exception, préparent du tiéré en cette journée. Le tiéré est du couscous à base de mil. Préparé avec différentes sauces (sauce tomate ou à base de patte d’arachide), le tiéré est un plat très apprécié des Sénégalais. Fêter la Tamkharit sans le tiéré au menu pour le diner c’est comme regarder un match de foot sans ballon. Voilà pourquoi les maîtresses de maison mettent tout leur savoir-faire culinaire pour satisfaire toute la famille. Et en cette journée spéciale, elles cuisinent toujours de telle sorte qu’il en reste car il y a une légende locale qui dit que le jour de la Tamkharit, tout le monde doit manger à satiété sinon les contrevenants recevront pendant la nuit la visite d’un ange (Abdou Diambar (Abdou le guérrier) si je ne me trompe) qui tourmentera leur sommeil.

Ps : je vous souhaite à tous et à toutes un joyeux Achoura ; et comme on dit chez nous dewenati (à l’année prochaine).


50% des Sénégalais ont recours aux pots de vin.

C’est le chiffre du jour au Sénégal. A la une de certains journaux ce chiffre suffit pour avoir une idée de l’étendue de la corruption dans notre pays. D’après le classement établi par Transparency International  le Sénégal qui est à la 105e place, est loin devant le premier pays africain, l’Afrique du Sud vient à la 54 place suivi de la  Namibie 56e et de la Tunisie 59e. La faute à la lourdeur et la lenteur administratives (pour un simple papier il faut au préalable fournir plusieurs autres documents; ce qui occasionne des va-et-vient incessants entre les différents services), à des employés indolents qui prennent tout leur temps avant de s’occuper de leur besogne sans oublier les personnes qui aiment trop la facilité pour prendre les voies légales. D’après le baromètre mondial 2010 téléchargeable ici,sous le titre (Télécharger le communiqué du 9 décembre 2010),  « Les habitants d’Afrique subsaharienne sont les plus touchés. Plus d’une personne sur deux déclare avoir payé des pots-de-vin aux cours des douze derniers mois, contre 36% des personnes interrogées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord[…] » .


Ces politiciens qui changent de camp comme ils changent de vêtements

Le mercredi 13 octobre 2010, lors du journal de 20h de la RTS (Radiodiffusion Télévision du Sénégal), un groupe de responsables du Parti Socialiste a rejoint officiellement les rangs du Parti Démocratique Sénégalais. Devant le Président de la République, les nouveaux adhérents ont déposés symboliquement leurs anciennes cartes membre du PS sur la table où était assis Maître Wade. La retransmission de cet événement participe à la bataille psychologique que se livrent le parti présidentiel et l’opposition en vue des élections présidentielles de 2012. Tout le monde au Sénégal sait que la campagne a déjà débuté car, il ne se passe pas un jour sans que la RTS ne diffuse dans son journal des messages ou des rassemblements de partisans visant à soutenir la candidature du Président Wade.

Mais ce qui nous intéresse dans tous ces agissements, c’est un phénomène que l’on a vu se multiplier depuis l’avènement de l’alternance : la transhumance. Ce mot utilisé en élevage pour désigner la  migration saisonnière d’un troupeau de bête, est désormais employé par les Sénégalais pour qualifier les va-et-vient incessants des politiciens. Bon nombre de personne ont bénéficié de ce phénomène qui est devenu une sorte de mode, voire même une coutume dans l’arène politique sénégalaise. Parmi les plus célèbres, l’on peut donner à titre d’exemple l’actuel ministre de l’intérieur Ousmane Ngom qui, alors que le PDS était encore dans l’opposition, avait rejoint les rangs du PS et une fois le PDS au pouvoir, il est revenu comme si de rien n’était. Autres exemples avec l’ex Premier Ministre, Idrissa Seck qui a quitté le parti libéral après l’Affaire des chantiers de Thiès (ville où il est le Maire), formant même son parti, Réwmi (Le pays) et qui s’est réconcilié il y a quelques mois de cela  avec son « père spirituel ».  Un autre ex Premier Ministre, Macky Sall a rejoint l’opposition après avoir été démis de ses fonctions. Il a lui aussi crée son parti, l’APR (Alliance Pour la République).

Et les Sénégalais dans tout çà ? Comme la majeure partie des africains, ils sont spectateurs de tout ce grand manège. Soucieux d’un lendemain meilleur et d’un avenir prometteur, ils sont écartelés entre les promesses faites par les uns et les autres. S’ils sont désireux du changement, ils ont aussi peur de l’inconnu. Finalement, ils se retrouvent entre le marteau et l’enclume car les politiciens sortent toujours vainqueurs. Même s’ils perdent une élection, rien ne les empêchent de retourner leur veste comme ils ont l’habitude de le faire.


En valent-ils vraiment la peine?

Cette question, je n’arrête pas de me la poser depuis plusieurs semaines vu les derniers événements qui se sont passés en Afrique, notamment en Guinée et en Côte d’Ivoire. Aussi j’aimerais partager, avec vous amis mondoblogueurs, mes doutes et mes sentiments concernant le sujet. Donc cette question s’adresse aussi à vous: les politiciens en valent-ils la peine?

Comment se fait-il  qu’il puisse y avoir autant de tension à l’approche des élections en Afrique? Comment cette tension peut-elle donner l’impression que le pays se trouve en état de guerre? Parce que à la base, il y a des gens qui sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Pour moi le politicien africain est celui qui te promettra le ciel et la terre si cela lui permettait d’être élu. Le politicien est un homme qui respecte rarement sa parole et qui manipule à sa guise les foules trop naïves pour se rendre compte de la supercherie. Bien sûr certains trouveront ce raisonnement trop pessimiste voire exagéré; ils se diront sûrement qu’il y a des exceptions. Certes il en existe; mes ces derniers sont peu nombreux et quasi invisibles face au gang de requins qui s’accaparent tout le temps des médias.

C’est la raison pour laquelle je ressens un grand désarroi à chaque fois que j’entends à la RFI qu’il y a des morts ou des blessés suite à des échauffourées entre partisans ou sympathisants de différents partis politiques. Au plus profond de moi je me dis : quel gâchis !! Se battre ou risquer sa vie pour des hommes qui aujourd’hui s’insultent pour trouver, le lendemain, un consensus qui arrange leurs affaires. Finalement le grand perdant dans tout çà n’est personne d’autre que la population qui est confrontée directement à la situation. Alors chers citoyens, avant de vous engager dans une bataille qui peut mettre votre vie en danger ou celle de celui qui se trouve en face de vous, demandez-vous si les politiciens en valent vraiment la peine.